Les habitudes de vie des musulmans changent de façon importante durant le mois de Ramadan. Ces changements concernent en particulier les habitudes alimentaires et de sommeil qui peuvent avoir des répercussions sur le travail. Le but de notre étude est d’évaluer l’impact du jeûne pendant le mois de Ramadan sur la vie professionnelle et de proposer des recommandations préventives. Pour ce faire nous avons procédé à une étude comparative de la charge physique de travail pendant et en dehors du Ramadan par un enregistrement continu de la FC pendant le travail auprès de 148 travailleurs d’une entreprise d’industrie de bois répartis en 10 ateliers. L’étude s’est déroulée en deux périodes allant de la fin du mois de Novembre 2001 à Janvier 2002 ; la première au cours du mois de Ramadan et la deuxième un mois plus tard. Notre étude a permis de constater que la charge physique de travail est plus élevée pendant le mois de Ramadan. Ainsi, le travail est codifié plus lourd durant ce mois selon l’échelle de pénibilité de CHAMOUX A (1). Les principaux facteurs de charge pendant le Ramadan sont liés aux postes de travail et aux modifications des habitudes alimentaires et du sommeil. En effet, il a été démontré que l’inversion chronobiologique des habitudes nutritionnelles est à l’origine de plusieurs troubles fonctionnels notamment gastro-intestinaux. D’après notre étude, 84.6 % des travailleurs ayant un coût cardiaque relatif (CCR) > 20 % se plaignent de troubles digestifs. Par ailleurs, les céphalées, la somnolence et les troubles digestifs ne se réunissent que chez les salariés ayant un CCR > 20 %. Nous avons également constaté que l’heure du dernier repas ou « shour » influence le niveau de la charge de travail. En effet plus le « shour » se fait à une heure précoce, plus la charge cardiaque est élevée. Outre ces modifications alimentaires, des perturbations du sommeil ont été fréquemment rapportées au cours du Ramadan. La durée du sommeil a été inférieure à 6 heures chez 66 % de notre population d’étude. Cette réduction de la durée de sommeil est un facteur de pénibilité majorant l’astreinte cardiaque au travail pendant le Ramadan. Une relation inversement proportionnelle entre la durée du sommeil et le CCR a été démontrée par notre étude. Au terme de cette étude une stratégie d’aménagement organisationnel de rythme de travail et d’éducation nutritionnelle et comportementale pendant le mois du Ramadan semble être nécessaire.
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