Cette communication porte sur l’introduction de nouveaux systèmes de management dédiés à la sécurité, conjointement aux normes ISO qualité et environnement dans le BTP. A travers une comparaison entre deux expériences d’entreprises, elle discute de la diffusion de ces systèmes normatifs et de leur caractère prescriptif. Elle montre en particulier que leur efficacité instrumentale, toute relative, tient aux conditions organisationnelles de conception des systèmes, autrement dit, aux régulations qui président à leur mise en œuvre. Avec l’adoption de normes internationales en matière de management de la sécurité qui s’unissent à la qualité et à l’environnement (ISO 9000 et 14000) au sein de systèmes de management intégrés, la prescription gagne de nouveaux domaines des entreprises, ceux de la gestion, avec des résultats qui posent des questions. Au-delà des jugements de conformité que prononcent les audits, ces normes sont-elles efficaces ? Qu’en est-il de leur influence sur la sécurité ? Sont-elles véritablement intégrées aux pratiques ? L’apport des opérateurs à leur élaboration est-il effectif ? Ces normes ne renouent-elles pas avec le modèle taylorien qui dissocie conception et exécution au détriment d’une prise en compte du travail réel ? Prises parmi d’autres, ces questions ressortent du débat actuel sur le vaste mouvement de « production normative » auquel nous assistons au sein des entreprises, soutenu par des dispositifs de gestion formalisés et standardisés. Pour discuter de ces questions, nous avons choisi d’étudier des expériences de management de la sécurité, peu abordées jusqu’à présent et dont le caractère réglementaire et l’objet humain appellent une observation spécifique. A partir d’une comparaison entre deux entreprises issues d’un échantillon d’une étude nationale1, l’analyse éclaire les jeux sociaux qui se nouent autour de l’instauration des systèmes de management : elle nuance les travaux sur ces systèmes prescriptifs qui, soit condamnent les formes tayloriennes renouvelées de cette nouvelle source de prescription et de contrôle, soit insistent au contraire sur les vertus des normes et des procédures nécessairement élaborées avec les intéressés (Cochoy, F., Garel, J.P., Terssac, 1998 ; Reverdy, T., 2000). A l’instar de la qualité des soins dans le milieu hospitalier décrite par Setbon M. (2000), nous constatons que la sécurité constitue un enjeu d’échanges et de négociations dans l’entreprise. Sa gestion obéit moins à une logique de rationalisation à priori qu’à des logiques sociales que nous avons voulu suivre. L’idée proposée dans ce texte est que l’application des normes de management tient aux conditions de régulation autour de la conception des dispositifs, c’est-à-dire aux possibilités d’interactions entre acteurs, structures et dispositifs formels, toujours originales au gré des entreprises et de leur organisation. Après avoir indiqué les caractéristiques des systèmes de management de la sécurité (SMS), nous décrivons les conditions de leur mise en œuvre dans deux entreprises. Ensuite nous précisons les résultats de ces expériences de gestion, en montrant l’écart des pratiques par rapport aux règles prescrites. Nous développons alors l’analyse des deux formes de conception des SMS, apparentées à deux modes de conception distincts (taylorien/innovant). Nous concluons sur l’idée que l’intégration de ces nouvelles normes de gestion reposent sur les dynamiques organisationnelles autour de leur conception
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