Le but de cette contribution est de comprendre pourquoi, malgré une législation restrictive en matière de travail de nuit, les effectifs augmentent encore dans certains pays européens, en Suisse notamment. Après avoir rappelé la nocivité du travail de nuit et évoqué l’intérêt et les limites de l’intervention ergonomique dans ce domaine, nous présentons une synthèse de nos travaux antérieurs et récents sur le travail de nuit. Ceux-ci s’inscrivent dans une perspective de prévention primaire visant à limiter le volume de travail de nuit dans la société. Nous montrons comment les effectifs concernés dépendent des contraintes légales, du calcul microéconomique des entreprises et des démarches de rationalisation qu’elles mettent en œuvre. Cette approche ouvre de nouvelles perspectives d’intervention ergonomique pour la limitation du travail de nuit au travers de l’analyse de l’activité des gestionnaires qui le génèrent et des inspecteurs du travail qui le contrôlent.