Les sources d’interpellation des ergonomes ‒comme de tous le intervenants sur les questions du travail‒ explosent littéralement les limites dans lesquelles elles se tenaient jusqu’ici.
‒ La servicialisation de l’économie impose désormais de régler la performance des organisations sur la “performance d’usage” de ce qui est produit, et donc sur les conditions d’usage qui commandent alors une compétence du travail de production étendue à la compréhension de l’activité des bénéficiaires;
‒ l’exigence de développement durable pousse le périmètre d’évaluation de la performance à des limites qui débordent largement ce que l’entreprise se sentait tenue de gérer, et donc à construire l’accord sur ce qu’il est acceptable-raisonnable de prendre en charge;
‒ la pression “sociétale” de respecter la vie, la nature, les animaux, re-introduit l’obligation d’une préoccupation qui souligne l’impasse de l’économie industrielle dont les conséquences devenues inacceptables posent alors les questions d’intervention en des termes qui ne peuvent plus raisonner à l’intérieur du modèle économique dominant.
Aucun secteur d’activité n’est plus percuté par ces nouvelles sources de prescription que le secteur agricole, inversant dans cette occasion l’image conventionnelle d’un secteur en retard sur les grandes mutuations. Et dans le secteur agricole, aucune filière n’est plus impactée par ces nouvelles sources d’interpellation que la filière viande (FV) où elles sont toutes à l’œuvre, ensemble mais le plus souvent contradictoirement, avec des effets sur l’organisation du travail et la santé des salariés proprement délétères.
La problématique dite du Bien-Être Animal (BEA),présente, sous cet aspect, une concentration particulièrement dense de cette antagonisation des tensions dont on trouve une grande diversité de configurations à l’occasion de l’injonction de la production biologique, du rapport du respect des saisons avec la prise en considération des conditions d’emploi, la pérénisation des revenus des producteurs et l’exigence du développement durable…
L’ergonolmie est-elle équipée pour permettre d’échapper à la mise en concurrence de ces exigences ? Dans quelle mesure “passer par l’activité” permet-il -plus que jamais- de rebattre les cartes et ouvrir ainsi une perspective émancipatoire pour les professionnels du secteur ?
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