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« On est devenus l’artefact et ça nous a ouvert des possibilités » : former de jeunes ingénieurs à la conception collective par la performance improvisée
Le projet ASCOPET a permis d’expérimenter les arts de la scène comme outil pédagogique pour l’enseignement tertiaire. En invitant des élèves ingénieurs à construire une performance collective improvisée impliquant un artefact, le cours du Prof. Henein vise à explorer les aspects obscurs de la conception en ingénierie, et à développer les compétences des jeunes ingénieurs en ce domaine. La pratique de l’improvisation, et la création d’une performance collective présentée sur la scène du théâtre l’Arsenic, permettent ainsi de travailler l’imagination et l’expression des idées. L’analyse du cours souligne l’importance du travail de la sensibilité à soi et aux autres, et la redéfinition de la tâche qu’elle permet : le travail collectif n’est plus vu comme l’application efficace sous contrainte temporelle d’une solution déjà maîtrisée par un partage efficace des tâches, mais comme un processus d’expérimentation, prenant le temps de mûrir et tenant compte des apports singuliers de chacun des participants. La dynamique de ce travail de conception collective est illustrée par la création d’une performance centrée sur l’usage d’une bâche comme artefact ouvert, permettant une exploration ludique toujours renouvelée. Les entretiens individuels réalisés avec les étudiant-es ayant participé à cette performance montrent comment l’idée de l’artefact naît au croisement d’expérimentations matérielles, corporelles et conceptuelles, culminant dans la présentation sur scène d’un artefact hybride, fusionnant mouvements des corps et mouvements de l’objet. Les résultats de cette étude éclairent ainsi à la fois l’activité de création artistique et le travail de conception en ingénierie, nous interrogeant sur leurs similitudes.