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Sous-traitance à outrance, limites d’un modèle poussé à son paroxysme : Quand la valse des prestataires désorganise et place dans une situation d’incompétence, l’entreprise utilisatrice et les entreprises extérieures
Cette communication s’appuie sur le retour d’expérience d’une expertise CHSCT menée en 2018 dans une plateforme pétrolière en France. Un projet de renouvellement des contrats de maintenance courante a eu un impact fort sur les conditions de travail, de santé et de sécurité des salariés de l’entreprise utilisatrice et des entreprises sous-traitantes. Nous analyserons les conditions qui ont amené l’entreprise utilisatrice, qui sous-traite pourtant la maintenance de ses installations depuis plus de 30 ans, à une situation d’échec. Nous montrerons comment les évolutions dans la conduite de projet, la mise en place de principes de rémunération des contrats de maintenance et la diminution du nombre d’entreprises extérieures ont contribuées à rendre caduque la sous-traitance de la maintenance. Les effets observés de la redistribution complète des périmètres d’intervention comme de la délégation accrue du pilotage des interventions de maintenance a éloigné le personnel organique de ses capacités d’agir et de conserver la maitrise sur son outil de travail, au-delà de ce qu’il lui était possible de supporter. C’est la maitrise de l’outil de travail, de la sécurité et donc les capacités de contrôle et de prise sur le travail qui a ainsi été mis à mal. Tous ces éléments combinés se
sont en quelque sorte « cristallisés » lors de la bascule des changements de contrats et se sont traduits par un état de sidération et de souffrance au travail des collectifs de travail.
L’entreprise utilisatrice a été confrontée à un double échec dans ce projet, échec de l’amélioration des conditions de travail et échec de la l’organisation du travail. Ces échecs ne signent non pas seulement un défaut dans la manière de conduire la sous-traitance, mais les
limites du modèle de la sous-traitance lui-même quand celui-ci est poussé à son paroxysme. C’est ce que cette expertise a de fait contribué à révéler et à nommer. Pour proposer une piste permettant de sortir de cette crise nous avons donc été conduits à défendre en CHSCT un changement de modèle radical : celui de la ré-internalisation de l’activité de maintenance courante.