Parmi les innovations notionnelles susceptibles de nous aider à penser notre devenir dans un monde incertain, celle d’anthropocène nous invite à réviser nos catégories de pensée et d’action face à des phénomènes aussi hétérogènes que les glissements de terrain ou le choc durable et mondial de la COVID 19 (indubitablement lié à l’activité humaine, qu’il s’agisse d’une modification des écosystèmes ou de la manipulation génétique). En considérant la Planète comme étant notre oikos, notre lieu commun de vie, l’anthropocène nous invite à repenser nos modes d’action et à interroger la distinction entre nature et culture et l’idée d’un patrimoine environnemental à préserver. Elle se centre sur les milieux appréhendés comme une construction, et in fine comme un découpage vital fruit d’une relation entre les humains et ce qui les entourent. Ce faisant, la pensée de l’anthropocène pose deux questions essentielles : la première concerne la place relative de l’Humain sur Terre, la seconde concerne les futurs souhaitables en faveur desquels il convient d’œuvrer afin que la planète reste un milieu possible de vies.
Nous pensons que dans les renouvellements auxquels nous invite l’anthropocène, le travail doit occuper une place significative ; dans la construction de nouveaux récits et de nouvelles pédagogies, mais aussi dans l’élaboration des modalités d’action. Indubitablement, les régimes socio-historiques de production (le travail) occupent un rôle structurant des milieux humains, que ceux-ci soient délétères ou a contrario porteurs de promesses. Simultanément, l’activité de travail (le travailler), entendue comme expérience humaine située à la croisée du social, du politique et de l’économique, est questionnée par les défis écologiques et sociétaux actuels. Mais l’activité peut être un verrou si elle n’est pas prise en compte, ou au contraire une formidable ressource si l’on y est attentif. Nous souhaitons donc créer un espace annuel d’échange et de dialogue sur les liens entre Anthropocène et travail, ouvert à une diversité d’acteurs (chercheurs, acteurs des milieux économiques, sociaux et associatifs, institutionnels et acteurs des territoires).
Ces premières journées seront centrées sur trois thèmes. Le premier concerne les liens entre technique et travail : entre les promesses prométhéennes d’une ingénierie tournée vers la « techno nature », les orientations de l’économie circulaire et les expérimentations de low-techs, quelle voie prendre, quels liens avec les activités de travail, quelles compétences et quelles pédagogies ? Le second thème interroge les transitions professionnelles : les enjeux de l’anthropocène pénètrent et percutent les pratiques professionnelles. Comment faut-il appréhender les transitions professionnelles, quelles en sont les enjeux et les contours, et comment les faciliter ? Le troisième thème questionne les échelles pertinentes d’action : à quelles échelles faut-il appréhender les évolutions du travail et les transitions professionnelles, quelles questions nouvelles ces changement d’échelles révèlent-ils, et quels dispositifs faut-il mettre en place pour les raisonner ?
Contact : pour plus d’informations, merci de contacter Christelle Casse : c.casse@univ-lyon2.fr