L’adaptation de la pratique de l’ergonomie à la taille de la structure : de la TPE au grand groupe, d’un département à la mairie d’un village
Un atelier d’échanges réunissant une douzaine de participants (dont plusieurs non-membres de la SELF) a eu lieu le 13 juin 2024 de 17h30 à 19h00. Les questions suivantes ont été proposées pour instruire le thème général:
- Tout d’abord, y a-t-il des différences, selon la taille de la structure ?
- Si oui, de quelles natures sont-elles ? Les types de demandes, le contenu de la proposition d’intervention, la mobilisation des acteurs.trices du projet, les moyens organisationnels et techniques pour la transformation des situations de travail, etc.
Il ressort des discussions les éléments suivants:
Il y a bien une distinction à établir, sur le plan de la pratique de l’ergonomie, entre la TPE et le grand groupe, en tout cas en termes de tendances.
Dans le cas des TPE:
- Les requêtes sont souvent très larges, l’accueil plus ouvert, le contact plus direct, les marges de manœuvres supérieures ; en revanche, il est difficile de dépasser le besoin immédiat ;
- Le dialogue avec nos interlocuteurs est fort lié aux représentations qu’ils se font de l’ergonomie et des connaissances qu’ils en ont ; ceci interfère avec ce qu’ils pensent être en mesure de résoudre seuls et ce qu’ils estiment pouvoir attendre de nous. Mais cela peut amener à des sollicitations des plus restreintes (par exemple, compléter le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels) à des questions très larges, touchant à l’organisation du travail ;
- Il faut donc expliquer, former, informer, faire de la pédagogie… Il n’y a pas de demande, en fait, ni de négociation de la demande : la dynamique est autre. Ce n’est pas simple et il faut avoir le temps. La question de notre gestion de la temporalité est toujours présente, parce qu’il nous faut aussi faire nos preuves concrètement ;
- En vérité, on gagne à créer des relais, à tenir compte des filières sectorielles et des réseaux régionaux – tout en tenant compte de la culture, sectorielle ou régionale, existant en la matière.
Dans le cas des grands groupes:
- Les demandes sont souvent plus précises (très liées à la réglementation) et plus encadrées – ce qui est porteur de contraintes (il est fréquent qu’on nous attribue tant d’heures pour atteindre un résultat défini), mais cela donne aussi de la puissance au projet ;
- Il est toutefois plus difficile de montrer notre plus-value et plus difficile également d’avoir une vision globale de ce qui se fait ou peut se faire en ergonomie dans le groupe, et de nous y situer ;
- En réalité, le niveau où on se trouve dans un grand groupe intervient considérablement.
Mais… la taille de la structure n’est pas le seul facteur à considérer:
La dynamique de notre relation avec nos protagonistes dépend également du fait que l’on soit ergonome interne ou externe. De toute façon, quelle que soit la taille de la structure :
- Nous devons essayer d’aller le plus possible à la rencontre des usagers, évaluer et bousculer le degré de proximité qu’on parvient à avoir avec eux. Il faut sortir de son bureau, aller parler avec les personnes, nous faire connaître, discuter de ce qu’on essaie de faire, et oser aller à la rencontre sans nécessairement en demander l’autorisation ;
- Il ne faut pas oublier les approches classiques préalables aux justifications d’interventions plus ciblées : aller voir les taux d’absentéisme, globalement et de manière différenciée selon les départements, relever et localiser les cas d’accidents du travail, ne pas oublier d’instruire la répartition par âges selon les départements, s’informer concernant les choix technologiques récents et les raisons des options, etc.
Il faut admettre qu’il est difficile de faire le métier qui est le nôtre:
- On est finalement souvent assez seul.e à devoir se débrouiller, quelle que soit la taille de la structure.
- Face à la complexité des enjeux, quelle que soit la taille de la structure, les compétences de l’ergonome ne suffisent pas. Il faut créer des liens, partager avec d’autres professionnels et être attentif aux questions de la communication afin de donner moins de poids aux représentations.
Pour la suite, les participants proposent d’organiser d’autres ateliers comme celui-ci, car ils ouvrent un espace d’échanges libres et spontanés, et suscitent des rencontres d’une nature distincte de celle des congrès de la SELF.