Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès de Catherine Cailloux Teiger, survenu le 31 octobre 2024.
Les obsèques de Catherine auront lieu le jeudi 14 novembre à la coupole du Père-Lachaise à 10 h 30. Un pot sera ensuite organisé square Vermenouze, dans son appartement qu’elle aimait tant.
La commission histoire va rassembler et publier sur le site de la SELF les hommages de celles et ceux qui le souhaitent. Vous pouvez adresser vos textes à Pierre Falzon pierre.falzon@lecnam.net.
Catherine Cailloux est née en 1939 à Châlons-sur-Marne. Elle fait des études de psychologie et de psychophysiologie à la Sorbonne. C’est Jean Buet qui la présente en 1966 à Alain Wisner ; celui-ci la recrute au laboratoire de physiologie du travail et d’ergonomie du CNAM. Elle participe à une recherche sur le sommeil des conducteurs de train.
À partir de 1969, elle est au cœur, avec Antoine Laville et Jacques Duraffourg, de la célèbre recherche sur le travail des femmes OS de l’électronique. Devant la difficulté de comprendre le travail à la chaîne, jusque-là peu analysé, Catherine Teiger se fait embaucher comme ouvrière pendant deux mois – son statut de chercheuse étant connu de tous. La recherche dure deux ans, et met en évidence l’importance des dimensions cognitives du travail à la chaîne.
Ces résultats font l’objet de très nombreuses formations syndicales – qui seront toujours une composante essentielle de ses travaux, le plus souvent avec Antoine Laville. Entrée au CNRS en 1973, elle travaille sur les structures d’âge par profession, et l’exclusion par l’âge. Ses recherches sur la mortalité des rotativistes débouchent sur l’intervention de l’équipe du CNAM dans la reconception des imprimeries du Monde et du Figaro.
Avec Yvon Quéinnec et Gilbert de Terssac, elle publie en 1985 le célèbre ouvrage Repères pour négocier le travail posté.
Elle fait en 1988 un bref passage au cabinet de la secrétaire d’État aux Droits des femmes, puis est chargée de mission au Programme interdisciplinaire de recherche sur le travail, l’emploi et les modes de vie (PIRTTEM-CNRS).
Elle multiplie les collaborations avec le Québec et se voit décerner en 2002 un doctorat honoris causa de l’Université Laval à Québec. Après sa retraite en 2003, elle continue à travailler notamment sur le rôle de l’analyse du travail en formation, et publie en 2013, avec Marianne Lacomblez (Se) former pour transformer le travail, un ouvrage de 700 pages, soutenu par l’Institut syndical européen ETUI, qui analyse des expériences de formation en France, en Belgique, en Italie, au Portugal, au Québec, au Brésil et au Venezuela.
La SELF présente ses condoléances à ses proches.